Texte enterrement - poème enterrement
Sur la mort – Khalil Gibran
Sur la mort – Khalil Gibran parle dans son conte philosophique au travers son héros AI-Moustapha. Ce prophète peut seul percevoir le vrai visage de la vie.
Sur la mort – Khalil Gibran
extrait Le prophète traduit par Jean-Pierre Dahdah
Alors Al-Mitra reprit la parole, en disant : “A présent nous aimerions t’interroger sur la Mort”.
Et il répondit :
” Vous voudriez percer le secret de la mort,
Mais comment y parvenir sans aller le chercher au cœur de la vie ?
Le hibou qui vit à l’orée de la nuit est aveugle au jour; ses yeux ne peuvent dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous brûlez de voir l’esprit de la mort, ouvrez grand votre cœur dans le corps de la vie.
Car la vie et la mort ne font qu’un, comme ne font qu’un la rivière et la mer.
Dans les profondeurs de vos espoirs et de vos désirs sommeille votre silencieuse connaissance de l’au-delà ;
De même que la semence rêve sous la neige, votre cœur rêve des épousailles du printemps.
Ayez confiance en vos rêves, car en eux sont cachées les clés de l’éternité.
Votre effroi face à la mort n’est que ce tremblement du berger lorsque le roi lui fait l’honneur de le recevoir et s’apprête à poser sa main sur sa tête.
Or, en allant recevoir l’insigne du roi, le berger ne sait-il pas qu’un frison de joie s’éveille déjà sous sa frayeur ?
Et pourtant n’est-il pas encore plus conscient de sa peur ?
Qu’est-ce donc que mourir, si ce n’est s’offrir nu au vent et s’évaporer au soleil ?
Et cesser de respirer, n’est-ce pas libérer le souffle de ses perpétuelles marées, afin de s’élever sans le poids de la chair et de s’exhaler à la recherche de Dieu ?
Quand vous aurez bu à la rivière du silence, alors seulement vous pourrez véritablement chanter.
Et lorsque vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez à monter.
Et dès lors que la terre aura réclamé votre corps, vous saurez enfin danser”.
Pourquoi lire ce texte enterrement durant une cérémonie funéraire ?
Cet extrait du prophète offre dans une langue poétique tout un concentré de philosophie. Apaisant les contradictions qui nous animent, ce poème nous réapprend que le monde est un tout : la vie et la mort y dansent main dans la main.